Du gaz pour des générations

En plus de la pêche et des minerais, la Mauritanie mise également sur le gaz.

Avec une population de seulement 4 millions d’habitants dont l’âge médian est de 25 ans, et un territoire deux fois plus grand que l’Espagne, les retombées de cette manne, associées à celles des richesses minières déjà exploiteées par des entreprises canadiennes (First Quantum Minerals, Kinross Gold Corporation) et mauritaniennes (SNIM, Maaden), vont considérablement booster le PIB de la Mauritanie.

Estimé actuellement à environ 24,5 milliards de dollars selon le FMI, toutes les prévisions annoncent une croissance de 5 % en 2023 et de 8 % en 2024, permettant au pays de répondre à ses besoins immenses en termes d’éducation de base, d’infrastructures sanitaires, de routes, d’eau, d’assainissement et d’énergie.

SITE DE GREAT TORTUE (GTA)

La plateforme de 4,2 milliards d’euros sera opérationnelle d’ici fin 2024.

Le champ GTA, découvert il y a quelques années par British Petroleum (BP) et l’énergéticien américain Kosmos Energy, partagé avec le Sénégal, contient environ 15 000 milliards de pieds cubes répartis sur 33 000 kilomètres carrés.

Pour le commercialiser, une grande plateforme de traitement de gaz naturel liquéfié a été construite au milieu de l’océan, au coût de 4,2 milliards d’euros, qui commencera à fonctionner au premier semestre 2024. On estime que le GTA produira environ 10 millions de tonnes de gaz liquéfié par an pour les 30 prochaines années, en plusieurs phases. La première phase, qui débutera au premier semestre 2024, devrait produire 2,5 millions de barils par jour.

BIR ALLAH : 80 000 MILLIARDS DE MÈTRES CUBES DE GAZ

La production devrait débuter en 2030.

Les réserves du champ Bir Allah, situé sur la côte sud du pays et en cours de développement, pourraient atteindre 80 000 milliards de pieds cubes de gaz, soit environ 10 % des réserves africaines selon certaines estimations.

Le puits, appartenant à la Société Mauritanienne des Hydrocarbures (SMH), Kosmos Energy et BP, qui détient une participation majoritaire, pourrait commencer une production commerciale entre 2028 et 2030. Ce développement énergétique pourrait transformer les perspectives de développement de la Mauritanie, dont l’économie reposait jusqu’à présent sur deux piliers : l’industrie minière (fer, or, cuivre), qui représente 54 % de ses exportations, et la pêche, qui en représente 46 %.

HYDROGÈNE VERT : UN LIEU PRIVILÉGIÉ

Selon les experts, la Mauritanie est l’une des meilleures juridictions au monde pour produire de l’hydrogène vert, grâce à ses excellentes ressources éoliennes, à sa forte irradiation solaire, à son vaste territoire et à son large littoral.

La Mauritanie dispose de ressources énergétiques exceptionnelles, éoliennes et solaires, pour produire de l’électricité propre, de l’hydrogène vert et de l’ammoniac à grande échelle et à faible coût. Son développement générerait une impulsion massive vers l’industrialisation et la diversification économique du pays ainsi que la création d’emplois.

Ces facteurs, ainsi que la proximité de l’Europe, ont conduit la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le président de la Mauritanie, Mohamed Ould Ghazouani, début novembre 2023, à lancer conjointement l’initiative Team Europe dans le cadre de la stratégie européenne « Global Gateway », qui vise à catalyser les investissements pour le développement de l’industrie de l’hydrogène vert en Mauritanie.

Des compagnies énergétiques internationales se sont déjà positionnées en Mauritanie avec des projets de production à grande échelle d’hydrogène vert, notamment la société américaine CWPGlobal et, plus récemment, le consortium Total Eren et Chariot pour le développement du projet Nour. Le gouvernement mauritanien s’est engagé à utiliser l’énergie verte pour développer le pays, l’électrifier et éliminer la pauvreté.

L’hydrogène vert est une énergie propre produite par électrolyse de l’eau à partir d’électricité renouvelable, telle que l’éolien ou le solaire, qui contribue à décarboner les industries générant de la pollution, comme le raffinage, et peut également être utilisé comme carburant pour le transport, en particulier maritime. En 2020, Goldman Sachs estimait que le marché mondial de l’hydrogène vert atteindrait 1 000 milliards de dollars en 30 ans.